Mais cela a permis de découvrir un pot aux roses, celui de la participation gratuite des autres artistes alors qu’Arafat (ou ses danseurs) a été payé. Le secret a été rendu public par le staff managérial de Floby qui aurait fait arrêter par la police un des membres du groupe de Arafat qui était déjà à Ouaga avec comme condition de sa libération le remboursement du cachet versé à Arafat.
C’est attristant, c’est frustrant, quand on voit que Floby semblait être la nouvelle étoile de la musique burkinabè transportable à l’extérieur. Le «Kirikou» de la musique burkinabè porte malheureusement une particule de la chansonnette sur son idole, «Kirikou est petit...» et l’autre particule dit «mais il est vaillant.»
On imagine un seul instant un promoteur de spectacles qui aurait fait jouer gratuitement des artistes nationaux, or il a payé le cachet d’un artiste étranger. On allait voir des artistes musiciens crier haro sur le baudet, l’affaire pouvait dépasser le cadre du ministère de la Culture pour se retrouver d’abord au Premier ministère puis à Kosyam. Tout cela soutenu par la ritournelle «voilà, les Burkinabè n’aiment pas leurs frères, ils n’aiment pas leurs artistes musiciens, ils ne sont pas patriotes» et tutti quanti...
On a vu ici, et cela avait été dénoncé par Né Wendé, cette affaire de «monstres sacrés du couper-décaler» et les «sacrés monstres de la musique burkinabè». Pour une histoire de position sur les affiches d’appels publicitaires, le concert a failli ne pas avoir lieu. Mais que cache cette attitude de Floby?
Un pote socio-musicologue qui vit chez les Blancs nous avait confié qu’il ne reconnaît plus Floby dans la promotion de l’identité culturelle musicale burkinabè. Et les preuves? Notre pote est parti de ses clips qui ne sont que des copiés-collés de ceux des artistes nigérians en vogue. Pour lui, à part la langue mooré que Floby utilise, il a perdu toute son âme musicale en essayant de singer ce qui marche ailleurs. Et même sur la langue mooré, on ne retrouve plus les expressions typiques du terroir qu’il avait. Il fait des efforts pour angliciser son mooré. Tout cela dénote d’un complexe d’infériorité. S’il était avec une grande maison de disques, on pouvait penser qu’il a été influencé par cette maison qui veut vendre ce qui est à la mode. On a vu le cas avec l’Ivoirien Bailly Spinto, quand il s’est laissé embarquer dans une histoire de rock’n’roll. Depuis, il se cherche.
Floby n’est pas dans ce cas, mais on imagine aisément que c’est son équipe managériale qui lui a refilé cette mauvaise idée de ne pas être lui-même, mais plutôt prendre un peu de Davido, un peu d’Arafat, un peu de Serges Benaud et faire un mélange de tout cela en chantant en mooré. Comment comprendre que celui-là qu’on pensait être l’ambassadeur de la musique burkinabè organise le 10e anniversaire de sa carrière et que les sponsors ne se bousculent pas, que les artistes musiciens étrangers ne se bousculent pas non plus pour venir le soutenir en payant eux-mêmes tous les frais?
Ousmane Hébié