Pendant 90 jours, les médias burkinabè, privés comme publics, sont soumis à une loi votée en avril dernier par le Conseil national de transition (CNT) interdisant la couverture médiatique de toute campagne politique déguisée. « Par campagne politique déguisée, selon le CSC, il faut entendre toute activité de soutien à un parti, formations et regroupements politiques, un candidat ou un regroupement de candidats indépendants ». « Il s'agit notamment, toujours selon le CSC, de toute activité au cours de laquelle, les organisateurs, personnalités politiques ou non, font des dons, parrainent ou participent à des cérémonies, à des événements coutumiers, religieux, culturels, sportifs, commerciaux, inaugurent des édifices ou des ouvrages au bénéfice des populations ». Il s'agit également de « la publication, la diffusion d'émission, de films, de discours, de sketchs, de chansons, d'articles d'archives ou pas, mettant en scène un candidat ou un parti politique ». Toujours selon la loi, « est également assimilée à une campagne électorale déguisée, toute autre activité réalisée à des fins de propagande au profit d'un parti, formations et regroupements politiques, un candidat ou un regroupement de candidats indépendants ». Tout contrevenant s'expose aux sanctions prévues par les textes en vigueur.
En effet, il faut saluer l'esprit de la loi qui vise à calmer le jeu politique en une période de transition hautement sensible, il faut admettre qu'elle devrait plutôt s'adresser aux partis politiques, aux candidats indépendants, aux formations ou regroupements de candidats indépendants. Les médias, sans doute ont leur part de responsabilité dans l'apaisement du climat social. Mais, la part de responsabilités des hommes politiques est encore plus grande. Dans tous les cas, ne pas couvrir les « campagnes politiques déguisées » n'empêche pas les partis politiques d'aller à la conquête de l'électorat avant l'heure.
En outre, que les médias burkinabè couvrent ou pas, les médias internationaux et les réseaux sociaux relayent sans discernement aucun les campagnes politiques déguisées. Finalement, c'est les médias burkinabè qui sont à la touche de l'activité qui devrait les concerner directement. Malheureusement, la loi étant la loi, tout le monde s'y soumet. Après les 90 jours prévus, on fera sans doute le bilan.
Séri Aymard BOGNINI