Le clou des festivités du 54e anniversaire de l'indépendance du Burkina Faso, le grand défilé, a mobilisé du beau monde, hier 11-Décembre 2014, à Dédougou. Très tôt dans la matinée, les populations ont commencé à converger vers la route de Nouna, site de la parade militaire et civile. Dès 6 heures, les abords de cette voie étaient bondés de monde. Les habitants ont été rejoints, plus tard, par les autorités régionales, puis les premiers responsables du pays. Vers 9 heures, le président du Faso, Michel Kafando, est arrivé sur les lieux et a été installé. A ses côtés, se trouvaient le Premier ministre, Yacouba Isaac Zida, le président du Conseil national de la Transition, Chériff Sy, des présidents d'institution et quelques ministres.

De nouveaux serviteurs de la nation que le public cherchait coûte que coûte à voir, d'où les bousculades à certains endroits. Qu'à cela ne tienne, la cérémonie pouvait commencer. Le 11-Décembre de cette année s'est déroulé 41 jours après l'insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 ayant conduit au départ de l'ancien chef de l'Etat, Blaise Compaoré. La sobriété a été au rendez-vous. La tribune officielle, bien que joliment décorée aux couleurs nationales, rouge et vert avec des étoiles dorées à certains endroits, tranchait d'avec le faste des années antérieures. Le cérémonial a débuté par un hommage à ceux qui sont tombés au cours de cette insurrection. Une minute de silence a été observée en mémoire des martyrs. Aucun discours n'a été livré et c'est le Maître de cérémonie qui, pendant une vingtaine de minutes, a justifié le thème de la présente célébration de la souveraineté nationale qui est «Rôle et responsabilité des collectivités territoriales pour l'émergence du Burkina ». Il a appelé les Burkinabè à cultiver les valeurs qui les ont toujours caractérisées. Après ces mots, place à la parade. Le peloton monté sur la cavalerie de la gendarmerie nationale a donné le top de départ. Les 18 cavaliers ont rendu un hommage au chef de l'Etat avant de s'adonner à des mouvements dont eux seuls ont le secret. Cette prestation s'est achevée par un grand V qui, comme l'a dit le MC, signifie « victoire, volonté de vaincre». Il s'en est suivi un défilé à pied. Les représentants des différents régions et ministères du Burkina sont passés à tour de rôle devant les autorités présentes. Ils ont été suivi des différentes composantes des forces de défense et de sécurité. C'est par un défilé motorisé, avec des échantillons de matériels militaire et civil que la parade a pris fin à la grande satisfaction du Secrétaire permanent des festivités du 11-Décembre, Pascal Komyaba Sawadogo. « Je suis ravi dans la mesure où tout s'est bien terminé. La Boucle du Mouhoun a eu le meilleur 11-Décembre dans la mesure où les infrastructures prévues ont été livrées à temps et sont de bonne qualité. En plus, les récents évènements n'ont entaché en rien la célébration. La mobilisation était de taille et il y a eu plusieurs innovations dont l'octroi de 300 millions F CFA aux provinces pour accompagner leurs initiatives de développement », s'est réjoui le Secrétaire permanent. Il a donné rendez-vous aux festivaliers en décembre 2015 à Kaya, chef-lieu de la région du Centre-Nord.

Adaman DRABO

---------

Des messages d'espoir

Roch Marc Christian Kaboré, président du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP)

«Cette fête est célébrée après l'insurrection populaire qui a mis fin au régime du président Blaise Compaoré. Elle a donc un sens particulier puisque le Burkina Faso a décidé de prendre une nouvelle voie qui est celle de la responsabilité individuelle et collective, de la consolidation de la démocratie en faveur des Burkinabè et de celle de la rigueur dans la gestion du pays. Je crois que ce 54e anniversaire que nous commémorons, rappelle aussi l'heure de la maturité du peuple burkinabè. Je pense qu'il faut être sobre dans ce genre de manifestations, surtout à cette étape que nous traversons. Nous faisons une rupture et nous nous orientons dans un autre sens. Je crois qu'il faut éviter des activités qui font trop de faste pour le moment, parce qu'il y a du boulot qui nous attend.»

-----------------------------------------------------------------------

Basile Dayo, porte-parole du chef de canton de Dédougou

«La célébration du 11-Décembre a un sens très profond. L'indépendance, c'est la liberté. Cette fête a changé la physionomie de notre ville. Elle a permis de réunir les fils de la région à communier et à aller de l'avant. Nous dévons préserver les acquis pour mieux préparer l'avenir.»

------------------------------------------------------------------------

Almamy F. Traoré, grand Imam de Dédougou

«C'est une grande joie pour nous aujourd'hui. Au début, nous ne croyions pas que la fête allait être aussi grandiose. C'est le 54e anniversaire de l'accession du Burkina Faso à l'indépendance, et nous avons la chance d'être là, pour la commémorer. Nous remercions Dieu de nous avoir permis de vivre cela. Nous avons beaucoup prié et nous continuons de prier pour notre pays. Nous sommes convaincus que demain sera meilleur».

------------------------------------------------------------------------

Anita Dissa, défilante

La fête s'est bien passée. Le défilé aujourd'hui n'a pas été éprouvant, ce sont plutôt les entrainements qui nous ont fatigués. Au cours du défilé, j'ai eu un peu peur quand nous sommes arrivés au niveau du public. Je n'en ai pas l'habitude, mais très vite j'ai pu me maitriser. La fête a beaucoup amélioré Dédougou. Nous avons plusieurs routes bitumées et des lampadaires. Il y a eu beaucoup de changements. La ville est plus jolie aujourd'hui qu'avant. Je souhaite que la commémoration du 11-Décembre de façon tournante dans les régions se poursuive».

--------------------------------------------------------------------------

Tulinabo S. Mushingi, ambassadeur des Etats-Unis.

«C'était fantastique. C'est un moment de bonheur. Et comme dans tout pays, à la fête de l'indépendance, toutes les couches se sont rencontrées pour oublier les différences et penser au futur. Nous, nous pensons aux élections futures et voyons comment nous pouvons avancer ensemble pour construire le pays. Nous allons accompagner le Burkina Faso. Nous avons déjà rencontré la CENI et lui avons annoncé une somme de 3 millions de dollars pour l'appuyer dans l'organisation des élections de 2015».

------------------------------------------------------------------------

Saran Sérémé, présidente du Parti pour le développement et le changement (PDC)

«Toutes les composantes du Burkina Faso ont marqué un point d'honneur et elles le font avec conviction. Elles ont fait savoir que personne n'est indispensable et que nous allons construire notre belle nation ensemble. Il n'y a rien qui puisse exprimer les sentiments que je vis aujourd'hui. La nation est débout et elle tient bon. Nous souhaitons que la transition œuvre à l'ancrage de la démocratie, à travers une élection apaisée en 2015, afin de permettre à toute cette jeunesse et à toutes ces femmes qui étaient découragées et qui n'allaient pas aux élections, de pouvoir participer et choisir le candidat de leur choix».

-------------------------------------------------------------------------

Madame Mercy M. Tembon, représentante de la Banque mondiale.

«Je suis vraiment inspirée. Le Burkina Faso est un exemple dans la sous-région. Et aujourd'hui, la fête a démontré encore la capacité en matière d'organisation. Je suis vraiment impressionnée par le respect du temps et tous les projets ont été réalisés à 100%. Nous sommes fières du Burkina Faso. Nous sommes un partenaire privilégié du pays et nous allons y rester, avec une nouvelle dynamique».

Propos recueillis par :
B. Léopold YE
Dramane TRAORE